Face à l'augmentation inquiétante du nombre de véhicules non assurés, l'Etat prévoit de nouvelles mesures. Objectif : identifier rapidement les véhicules concernés, avant qu'ils ne soient impliqués dans des accidents aux conséquences dramatiques, pour leurs victimes mais aussi pour leurs auteurs...
En 2013, près de 87 000 conducteurs ayant fait l’objet d’un contrôle routier en France n’étaient pas assurés. La même année, le Fonds de garantie des assurances obligatoires (FGAO) est intervenu dans 27 164 dossiers impliquant un véhicule non assuré : un chiffre en hausse de 28,4% depuis 2008 !
Dans son rapport d'activité 2013, le FGAO estimait alors qu’entre 370 000 et 740 000 véhicules non assurés circulaient sur le territoire, ce qui représentait 1 à 2% des conducteurs.
Les causes du défaut d’assurance peuvent être multiples :
Comportements dangereux de personnes commettant des infractions graves et répétées : défaut de permis, excès de vitesse, conduite en état d'ivresse ou sous l'emprise de produits stupéfiants par exemple ;
Augmentation du nombre de « malusés » : conducteurs ayant eu plusieurs accidents responsables, et que plus aucune compagnie ne veut prendre le risque d’assurer ;
Négligence dans la transition entre la résiliation d'un contrat d'assurance auto et la souscription d'un nouveau contrat auprès d'un autre assureur, conduisant à un défaut d'assurance pendant la période de carence entre les deux contrats.
Résiliation « sauvage » de la part de l'assureur. Bien que très rare, ce cas a été dénoncé par certains assurés, en particulier venant de compagnies d'assurance à distance. Les assurés apprenant par hasard, en se connectant à leur espace personnel, que leur assureur avait résilié unilatéralement leur contrat. Si ce droit de l'assureur existe, il doit cependant respecter certaines conditions de forme et de délais.
En cas d’accident avec un conducteur responsable non assuré, le FGAO indemnise la victime non responsable en lieu et place du conducteur responsable.
Cette indemnisation porte à la fois sur les dommages corporels et les dégâts matériels.
Selon les cas, la procédure d’indemnisation par le FGAO peut être déclenchée par la victime du sinistre (piéton, cycliste ou conducteur non responsable), par ses ayants droits s’il est décédé, ou par sa compagnie d’assurance.
Si le conducteur responsable n’est pas identifié (délit de fuite), le FGAO indemnise la victime sur ses fonds propres.
Si le conducteur responsable est identifié : le FGAO indemnise dans un premier temps la victime. Puis il se retourne contre le conducteur non assuré, pour obtenir le remboursement de cette indemnisation.
Des chiffres qui pèsent lourd
En soi, le phénomène de la non-assurance peut paraître marginal. Mais il emporte de lourdes conséquences financières pour l’indemnisation des victimes. En 2013, le FGAO a ainsi versé 87,6 millions d’eurosaux victimes de la non-assurance routière.
Un chiffre qui pèse lourd, à la fois pour les assureurs et pour les assurés. Car le financement du FGAO repose à la fois sur :
un prélèvement annuel de 1,2% sur tous les contrats de responsabilité civile automobile,
une contribution de 1% sur les primes collectées par les compagnies d’assurance.
Un mauvais calcul financier
Conduire sans assurance est parfois un choix fait dans un souci d'économie. Mais même le conducteur le plus prudent n'est pas à l'abri d'un accident responsable... En un instant, ce choix de conduire sans être assuré peut devenir financièrement désastreux !
En effet, l’auteur d’un accident responsable, s’il n’est pas assuré, s'expose à devoir rembourser le FGAO pendant de longues années ! En fonction de la gravité du sinistre et du montant de l’indemnisation versée à la victime, ce remboursement peut vite atteindre des sommes vertigineuses...
Sur les 87,6 millions d’euros d’indemnisation versés aux victimes en 2013, seuls 15 millions d’euros ont pu être récupérés par le FGAO auprès des conducteurs non assurés.
Sensibilisation et pédagogie
Pour sensibiliser les conducteurs au risque financier considérable que représente la non-assurance, le FGAO a lancé en 2014 une campagne vidéo baptisée « Sans assurance, découvrez le vrai coût de la vie ». Déclinée en 3 spots, cette campagne de sensibilisation est plutôt orientée vers les jeunes, car selon le FGAO, 59% des conducteurs non-assurés ont moins de 35 ans.
Vidéo #1 :
Vidéo #2 :
Vidéo #3 :
Zoom sur
Vers la création d'un fichier des non-assurés ?
En réponse à l’augmentation du nombre de morts sur la route en 2014 (la première après 12 ans de baisse), le Ministre de l’Intérieur a annoncé un plan de 26 mesures.
L’une de ces mesures sera la création d’un fichier national répertoriant les véhicules non assurés, qui selon Bernard Cazeneuve, devrait permettre d’« agir contre le défaut d’assurance en se donnant les moyens techniques de vérifier l’adéquation entre les véhicules assurés et les véhicules immatriculés ».
Ce fichier permettra de pouvoir vérifier plus rapidement, lors de contrôles routiers notamment, si un véhicule est assuré ou non. Et de sanctionner immédiatement tout défaut d’assurance, sans attendre que le véhicule non assuré soit impliqué dans un accident dont les conséquences pourraient être dramatiques !
L’idée de croiser le fichier national des certificats d’immatriculation avec les données des assureurs avait déjà émise par le FGAO en octobre 2011, dans un rapport remis au ministre de l’Economie, des Finances et de l’Industrie. L’organisme dénonçait alors un manque de volonté politique pour concrétiser ce projet.
Pour l’heure, les mesures annoncées n’en sont qu’au stade des déclarations d’intention. Elles n’ont pas encore fait l’objet d’un projet de loi, dont il faudra encore attendre qu’il soit débattu puis voté par l’Assemblée nationale et le Sénat, avant d’être promulgué. A suivre…