Au cours de sa conférence annuelle du 3 mars 2015, le GEMA (Groupement des entreprises mutuelles d'assurance) s’est insurgé contre les comparateurs d'assurances en ligne. Le groupement reproche aux comparateurs un manque d’encadrement et de transparence, à la fois sur leur actionnariat et sur la méthodologie employée dans leurs processus de comparaison.
Dans l'intérêt des assurés, le GEMA appelle donc les pouvoirs publics à instaurer une plus grande régulation de l'activité des comparateurs d'assurances.
Trop centrés sur les tarifs
Le principal grief fait aux comparateurs porte sur les résultats de la comparaison, qui d’après le GEMA, tendraient à privilégier les offres les plus avantageuses financièrement, au détriment de la qualité des garanties. Son président Pascal Demurger estime ainsi que « les modalités de la comparaison [des comparateurs en ligne] restent focalisées sur le prix, qui n'est pas l'enjeu exclusif d'une bonne couverture d'assurance ».
Mais en l’état actuel des comparateurs et des techniques, il est difficile de comparer les garanties, en raison de leurs disparités, quant au montant de leurs franchises, conditions ou exclusions. Celles-ci varient fortement d’un assureur à l’autre, et parfois même entre plusieurs offres d’un même assureur. De sorte qu’il est impossible de les comparer objectivement…
Les comparateurs s’organisent
Dans la foulée des déclarations de Pascal Demurger, certains comparateurs en ligne ont officialisé la création du GCAB (Groupement des comparateurs en assurance et banque). La vocation de ce groupement est double :
- Faciliter le dialogue entre les comparateurs et les pouvoirs publics d’une part, et les assureurs d’autre part, en créant un « organisme représentatif » de la profession des comparateurs (d'après Jérôme Chasques, co-président du GCA).
- Améliorer l’image des comparateurs en ligne, auprès des assureurs et du public. Le communiqué du GCA souligne d’ailleurs que, contrairement aux affirmations de M. Demurger, « dans 60% des cas, ce n’est pas l’offre la moins chère qui est retenue ».
Quels sont les enjeux ?
Si les rapports se tendent entre les assureurs et les comparateurs, c’est parce que l’actualité évolue vite dans ce secteur. L’entrée en vigueur de la loi Hamon du 17 mars 2014 permet désormais de résilier son contrat d’assurance auto à n’importe quel moment , au-delà de la première année d’assurance.
Sachant qu’aujourd’hui, selon le GEMA, 30% des devis d'assurance proviennent des comparateurs en ligne, tout particulièrement dans l'automobile : 71% des utilisateurs de ces comparateurs les utilisent pour comparer leur assurance auto.
Avec la loi Hamon, les assureurs mutualistes adhérents du GEMA s'attendent donc à ce que les comparateurs en ligne occupent une place de plus en plus prépondérante dans le choix des assurés.
On comprend donc que ce groupement s’inquiète de la méthodologie employée par les comparateurs. Notamment si celle-ci se fait au détriment de la protection des assurés, en privilégiant l’aspect tarif sur celui des garanties. Une tendance qui ne peut que s'accentuer, avec le développement des assurances en ligne"low-cost".
Les comparateurs dans le collimateur du Parlement européen ?
A l’aune de ces enjeux, on comprend mieux que le GEMA se félicite de la récente décision du Parlement européen, visant à intégrer les comparateurs d'assurances dans un projet de directive européenne sur les intermédiaires en assurance. Au terme de cette directive, les comparateurs seraient soumis à certaines obligations : formation, devoir de conseil, transparence sur l'actionnariat, mode de rémunération...
Plus qu’une guerre entre les comparateurs d’assurances et les assureurs, il s’agit donc de renouer le dialogue, et de normaliser les rapports entre ces acteurs aux intérêts complémentaires…
Lire nos dossiers :
> Les comparateurs d'assurance auto en ligne sont-ils fiables ?
> Les pièges de l'assurance en ligne
(*) A ce jour, le GCA est composé de lelynx.fr et des 7 comparateurs d’assurances et de crédit édités par Comparadise : Devis Mutuelle, Hyperassur, Kelassur, Misterassur, Mutuelle Conseil (assurances), Banquissima et Kredity (crédits).